« LIRE ». Janine de La Robertie
Le temps sera divisé en trois : * Quelques digressions sur le fait de lire; * Lire et parcourir le champ du pouvoir; * Lire et entrer dans le champ de la connaissance. A partir de ces propos nous conclurons que l’éthique qui est nôtre est la conséquence, ou de notre quête de pouvoir ou de notre désir de connaissance.

Une nouvelle vie pour la pulsion de mort ? Sean Wilder
Un documentaire télévisé portant le titre «Une mort programmée» et concernant une question de biologie, la mort cellulaire programmée (MCP), me semble de nature à relancer la réflexion des psychanalystes au sujet de la pulsion de mort telle qu’elle a été théorisée par Freud – et reprise récemment par notre collègue Dominique Poissonnier (livre à paraître) ainsi que par Marc Nacht (A l’aise dans la barbarie). N’ayant pas encore eu l’occasion de lire le travail de D. Poissonnier, je ne sais pas si les propos que je vais esquisser ici sont redondants. J’espère qu’ils seront de nature à stimuler une réflexion à la fois sur la théorie et sur une certaine pratique de la psychanalyse.

Sous le secret le lien. Jacques Nassif
Je vous remercie et je crois que vous m’excuserez de la désinvolture avec laquelle je vais aborder ces questions. La désinvolture est en effet ce qui peut caractériser le mieux le personnage qui va me servir de porte-parole, puisque j’ai pensé qu’il serait plus facile pour moi de laisser la parole à une figure dont vous verrez qu’elle a beaucoup à nous apprendre. Il s’agit d’un vieil homme dont on sait peu de choses au départ dans ce roman de Mircéa Eliade qui s’appelle Le vieil homme et l’officier

«Lettre au fils» Une lecture de F. Kafka. Bernard Brutinaud
C’est sur l’invitation de Jean-Pierre Holtzer que j’ai été amené à préparer une intervention pour des journées intitulées: «Figures du Père». J’étais alors sous le coup de la lecture d’un texte de Franz Kafka, Lettre au père, qui me paraissait, en raison de son adresse, s’offrir de lui-même comme axe d’étude. Ce qui m’avait interrogé, à une première lecture, c’était la dureté du propos, sa portée de mise à mort textuelle de la figure du père, à l’issue d’un réquisitoire serré qui constitue un véritable procès de F. Kafka à son père.

Le temps de comprendre. Jean Princé
Un des points importants qu’il m’a semblé devoir retenir, sans réserve, de l’enseignement de Lacan, est que tout analyste demeurait un analysant. C’était bien dire, me semble-t-il, que le temps ne fait rien à la fin de l’affaire. Le départ du divan ne signale qu’une coupure occasionnelle, une ponctuation, dans le corps d’une analyse entêtée qui reste toujours inaccomplie. Prétendre en avoir terminé serait, en tous les cas, sortir du champ de la psychanalyse. J’avoue me sentir presque rassuré de savoir qu’il me faut, pour comprendre, du temps. Et temps mieux si je meurs convaincu de ne pas tout avoir compris. Ce serait alors, au moins, conclure en bonne santé, après avoir beaucoup vu sinon beaucoup refoulé.


La « lettre de quarante-cinq pages » de J. Nassif à Althusser
« Sollicité par Léon Chertok […] pour participer au « Symposium international sur l’inconscient » organisé du 1er au 5 octobre 1979 à Tbilissi […], Louis Althusser rédige dès le printemps 76 une communication intitulée « La découverte du docteur Freud ».…Le même jour, il écrit dans des termes identiques à Jacques Nassif : “Voilà le texte de base […] donc écrit en grande hâte. Passe sur les conneries et donne-moi ton avis détaillé par écrit sur ce qui va, ne va pas, manque, est faux, falsifié, tendancieux, donne-moi les références nécessaires, citations, etc., car tu sais que je n’ai lu ni Freud ni Lacan, je parle par « ouï-dire (1er genre).…« […] Jacques Nassif lui adresse le 1er juillet un commentaire manuscrit de quarante-cinq pages, et Élisabeth Roudinesco un texte dactylographié de seize pages, qui tous deux analysent et critiquent son texte ligne à ligne comme il le leur avait été demandé. »

SEDUCERE. Didier Grimault
Aujourd’hui, je me propose d’aborder des préoccupations qui sont anciennes, mais qui font retour. Ces questions tournent autour du thème de la séduction. Certes on peut parler de ce sujet en partant de l’origine du traumatisme, comme le fit Freud à ses débuts. On peut aussi s’intéresser au couple que constituent le séducteur et la personne séduite. On peut enfin se demander quelle place pourrait encore occuper aujourd’hui la séduction dans notre pratique. Bien évidement, il ne suffit pas de dire que la psychanalyse n’est pas une entreprise de séduction généralisée, c’est dire une pure canaillerie, pour évacuer par là même la question.

Ecouter. Janine de La Robertie
– Est-ce que vous écoutez ? – Oui, mais est-ce que vous m’écoutez ? « Maintenant, nous allons donc savoir ce que l’analyste entreprend avec le patient à qui le médecin n’a pu être d’aucun recours. Il ne se passe entre eux rien d’autre que ceci : ils parlent ensemble. » Freud, L’analyse profane Il n’y a sans doute pas beaucoup de disciplines et d’activités intellectuelles que leur nature même expose aussi directement à la tentation constante de ce que Pascal appelle « le désir de domination et hors de son ordre » que la fonction d’écoutant-psychanalyste, psychothérapeute

« Pour introduire le débat ». Philippe Garnier
Certes, les liens possibles entre la « poussière d’étoiles » que nous sommes et le langage humain peuvent nous plonger dans des abîmes de réflexion… Mais ce n’est surtout pas dans ce sens que je souhaiterais que nous discutions ! Par contre, si je pouvais montrer que les « constructions » en analyse (Freud) ne sont peut-être pas si éloignées dans leur invention, dans leur genèse, de la construction d’équations en physique, je pense que cela pourrait peut-être ouvrir des portes sur ce qui se joue dans « l’écoute » – quitte à prendre le risque de découvrir que ces portes n’ouvrent que sur du vide – mais du vide au sens quantique, bourré d’énergie.

Sur le théâtre de marionnettes de Heinrich von Kleist. Traduction originale de Jacques Nassif et Jean-Michel Rey
Je me trouvai à M… l’hiver de 1801; en ce lieu, je rencontrai un soir dans un jardin communal M. C. qui, depuis peu, avait été engagé dans cette ville comme premier danseur à l’opéra et à qui le public faisait une extraordinaire fortune.

Violence hors-père Histoire, histoire, le père, la violence. Didier Grimault
La violence est de retour, si tant est qu’elle ne nous ait jamais quitté. Les réflexions qui suivent sont extraites d’un travail fait l’an passé sur la violence à l’adolescence. Le texte à paraître a été ici repris et en partie modifié. J’ai voulu tenir compte de mon intérêt pour l’histoire. Je fais mention d’une découverte faite lors d’un voyage à Strasbourg; je parle ici de mémoire.

Serge Vallon : La peur de la peur 1 - L’espace et la phobie. La peur de la peur / 2 - Le journal d’une analyse. Philippe Garnier
En ce temps où la psychanalyse est décriée, où les libraires, faute de lecteurs, lui réservent la portion congrue, où les guerres fratricides stérilisent les recherches théorico cliniques, les livres que Serge Vallon consacre à l’étude de la phobie – et aux spectaculaires résultats d’une analyse – viennent à point : ils montrent que la découverte freudienne est toujours féconde et vivante…