La cigogne et le docteur. Didier Grimault.
Les effets de la science modifient-ils la sempiternelle question : mais d’où viennent donc les bébés ? La société à toujours répondu à cette question, que ce soit par des mythes, que ce soit par la codification de la filiation (il fut un temps où les enfants venaient des parents légaux), que ce soit maintenant par les lois sur la bioéthique. Quant à l’inconscient, il répond autrement, en fomentant des théories sexuelles infantiles. Le bouleversement actuel est d’une telle importance que l’on pourrait se demander si les P.M.A. n’iraient pas jusqu’à modifier ces théories. Pourtant rien n’est moins sûr et, pour le soutenir, je m’appuierai sur ce qu’enseigne la clinique :
L’analyse fait-elle encore rêver ? Patrick Salvain
Qu’est-ce qui singularise l’analyse et de quoi procède-t-elle ? Pour le dire simplement, il s’agit là d’une question d’état d’esprit. Historiquement, celui-ci a émergé par la voie de la compréhension du rêve. En bref, l’hypothèse est ici qu’on déchiffre le rêve comme un symptôme, pour autant qu’il y a du sens en jeu. Bien entendu l’investigation ainsi engagée ne promet pas de rendement immédiat et n’a d’effet thérapeutique qu’indirect. N’est-ce pas là ce qui suscite une résistance à une époque où domine l’affairement, cependant que l’endurcissement des personnages sociaux se double d’une angoisse du vide, du déracinement ou de l’exclusion ? Et d’ailleurs, en un temps où l’on croit plus que jamais que l’argent fait des petits tout seul, pourquoi se préoccuper de songes irréels, surtout si la science va lever les incertitudes de la vie sexuelle et les psychotropes permettre de tenir ?
Des embarras inhérents au rapport de la psychanalyse avec les institutions de transmission. Critique de la dogmatique de la référence. Thierry Perlès
Le 6 juillet se tenait à l’initiative du Coût Freudien une réunion autour du livre d’Ali Magoudi, Quand l’homme civilise le temps (La découverte, Paris, 1992). Idée centrale de ce riche ouvrage : tout comptage du temps est religieux par essence. L’analyse historique plaide largement en sa faveur. De fait, il s’agit pour tout pouvoir non seulement de marquer le temps – comme il convient de marquer l’espace –, mais aussi de proposer des règles spécifiques pour son comput. Avec en plus ceci, qu’il n’y a que le religieux (pas le laïque) qui ait le moyen de la performance, vu que le comptage du temps, au-delà du simple marquage, c’est clôturer, par une imposture – croyance – la question des origines.
Promenade dans la vallée de Cargraphie (Notes de lecture 1). Didier Grimault
Lors d’une lecture du séminaire de Lacan sur Le transfert, nous nous sommes attachés à consulter les auteurs et textes par lui cités. Ce travail porte plus particulièrement sur les mythes de Diane et surtout sur celui de Diane et Actéon. Nous suivrons l’histoire de ces mythes, de l’époque hellénique jusqu’au texte de Lacan, pour pouvoir examiner la façon dont celui-ci utilise un tel matériel.
DU SOCIATIF et DES SOLITUDES ANALYTIQUES. Ou :LA PASSION DE GUÉRIR PASSE-T-ELLE L’ANALYSE DE LA DEMANDE ? Thierry Perlès
Dans ses formes françaises particulièrement, le jeu du soupçon guette toute pratique sociale, et la psychanalyse pas moins, elle qui, à se présenter comme soupçon de psychanalyse, risque toujours davantage de se laisser ranger dans l’ordre de l’avoir. Ce jeu, dans ses combinaisons, fait la part trop belle à ce que le secret comporte d’irrémédiablement pervers : plus que du champ libre, c’est de la sollicitation insistante, de l’incitation. Des enjeux de pouvoirs dont la déclinaison équivaut à instituer la privation de jouissance, ne sortira-t-on donc jamais ?